Réalisateur d'Omelette et du Chanteur (présenté en ouverture du festival Écrans Mixtes en 2015), Rémi Lange est un fidèle du festival. Il revient avec Prouve que tu es gay, un documentaire sur les migrants LGBT+. Rencontre avec un artiste singulier.

Quel artiste êtes-vous et quelle est votre démarche ?

 Je suis comme une plaque sensible absorbant beaucoup de choses comme l’homme dans La ligne verte qui absorbe un peu les malheurs du monde et les recrache à sa manière, de différentes manières. Mais la matière première, c’est le cinéma, les images, la photo. Ma démarche, c’est de jouer avec la frontière entre le vrai et le faux, faire tomber les masques, créer un trouble chez le spectateur, quant à ce que sont la réalité et l’illusion. C’est faire en sorte que la fiction ressemble à un documentaire et vice versa. J’essaye de casser les frontières entre les genres, les formes, les gens. Afin de retrouver l’humanité. J’ai une démarche à la fois formelle et politique.

Comment définissez-vous votre cinéma ?

Je suis marginalisé. Peut-être trop singulier. Mes thèmes sont peut-être trop tabous, trop engagés.  Le cinéma englobe beaucoup de formes artistiques, l’écriture, le son, la lumière, le rythme, le montage, le temps. Il faut que tout soit combiné, trouver ce juste équilibre entre la forme, l’émotion et l'esthétique. L’écriture pour moi c’est des mots, le pur langage cinématographique en est débarrassé. L’écriture, c’est le montage. Sous couvert du mensonge et du masque, on peut s'exprimer sans retenue, librement. L’improvisation permet d'atteindre une forme de réalité. La réalité est un prisme déformé par un regard, ce n’est pas la réalité, c’est ma réalité.

Parlez-nous de "Prouve que tu es Gay" ?

J'étais engagé à El Mamba, une association marseillaise qui met en contact migrant.e.s et bénévoles pour les loger. Une fois un migrant gay m'a raconté son histoire. Ivan, directeur artistiques d’Écrans Mixtes, qui est également inscrit dans l'association 2MSG (Migrations, Minorités Sexuelles et de Genre) de Lyon, qui accompagne les migrant.e.s LGBT dans les démarches pour obtenir le statut de réfugié.e politique, m'a encouragé à en faire un film. Je veux provoquer une prise de conscience. Les personnes interrogées ont vécu des situations extrêmement difficiles d'homophobie, de la torture, des menaces de mort. Ils sont chassés pour une partie de leur personnalité. Je n'ai choisi que quatre témoignages car les autres n'ont pas donné l'autorisation définitive pour la diffusion, certain.e.s ont eu peur que ça nuise à leur dossier de demande d'asile. C'est un documentaire pur car je n'ai rien écrit, tout est pris sur le vif. Je me suis servi d'inserts pour illustrer les situations. Il n'y a rien de dirigé. Je voulais juste sensibiliser à ces histoires.

Commentaires